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ARTICLE du JIR du 25/09/2002 |
C’est Thierry Techer qui le dit : cette année encore, ils ne seront pas plus d’une trentaine d’athlètes -sur les 2400 attendus au départ du Grand Raid- à courir pour la victoire. Et s’il rêve bien de s’imposer au Stade de
la Redoute, le Saint-Louisien ne se fait pas d’illusion pour autant : son expérience de la
Diagonale lui a appris qu’un entraînement spécifique, des qualités physiques et un
moral d’acier ne suffisent pas toujours pour finir l’épreuve. Il y a deux ans, Thierry Techer avait
annoncé la couleur : « Je vais gagner le Grand Raid ! », clamait-il, sûr
de sa force, quelques jours avant le départ de l’épreuve. Impossible,
cependant, de taxer le Saint-Louisien de forfanterie, puisqu’il s’était
effectivement imposé au bout de 16h43’ de course, franchissant l’arrivée
main dans la main avec le Breton Gilles Diehl, une attitude émouvante qui
a marqué à jamais l’histoire de la Diagonale des Fous. Sur le podium de
cette édition 2000, Thierry Techer et Gilles Diehl s’était promis de se
revoir bientôt, et de prendre le temps d’échanger autre chose que ces
paroles et ces gestes d’encouragement mutuels qui leur avaient permis de
tenir le coup entre Cilaos et Saint-Denis. « La dernière fois que j’ai vu
Gilles, c’était le lendemain de notre victoire, lorsqu’on nous avions été
interviewés ensemble sur le plateau du journal télévisé d’Antenne Réunion
», raconte Thierry Techer. « On pensait se revoir rapidement, à l’occasion
d’une autre course, ici ou ailleurs, mais les aléas de la vie nous ont
toujours éloignés. Mais j’ai parfois croisé des copains à lui, des Bretons
aussi, qui me donnaient de ses nouvelles ». Le Saint-Louisien et le
Breton, qui semblait du reste en pleine forme physique (il a fini
troisième du Marathon des Sables, un raid par étapes à travers le Sahara),
devaient se retrouver dans moins d’un mois sur la ligne de
départ.
TÊTE À TÊTE AVEC GILLES DIEHL Là encore, le destin en a décidé autrement. Confronté à la soudaineté de la maladie qui frappe son épouse, Gilles Diehl a du renoncer à faire le voyage pour la Réunion. Lorsqu’il a appris cette triste nouvelle, Thierry Techer n’a pu masquer son émotion. Les mots sont restés prisonniers de sa gorge, il a balbutié un « C’est pas possible », puis s’est replongé dans ses souvenirs, se demandant peut-être, lui aussi, comment une amitié parvient se tisser dans des conditions aussi particulières qu’une course de montagne, fut-elle le Grand Raid. « Le jour du départ, je me sentais bien, j’étais parti sur un rythme assez rapide, et je me suis retrouvé assez tôt en tête de la course. Et puis, peu avant Cilaos, Gilles m’a rattrapé. On a discuté un peu, pas beaucoup, c’était surtout des encouragements… Quelques kilomètres plus tard, Gilles a eu des crampes d’estomac et je lui ai donné des médicaments que j’avais sur moi. On a continué ensemble jusqu’à Marla, puis il m’a lâché ». L’histoire aurait pu s’arrêter là, une simple cohabitation passagère sur quelques kilomètres de sentier, comme l’ont vécu tous les coureurs de la Diagonale. Sauf que Thierry Techer court toujours après son objectif, la victoire, et fini par rejoindre Gilles Diehl au Colorado, alors qu’approche le moment d’amorcer -enfin- la descente vers Saint-Denis. Les deux hommes s’encouragent à nouveau. « Je ne sais pas à quoi ça tient, mais on est devenu camarade. Peut-être parce que l’un a « râlé » l’autre quand un coup de fatigue se faisait ressentir, peut-être aussi parce que la souffrance rapproche ... Toujours est-il qu’il m’a dit : on finit la course ensemble ? J’ai accepté, et on a entamé la descente ». Malgré la lune qui éclaire timidement ses pas dans cette froide nuit d’octobre, Gilles Diehl pense à tort s’être égaré, rebrousse chemin et retrouve son compagnon de route qui courrait dans sa foulée, à quelques mètres de distance. « Je lui ai dit : Suis moi ! Je vais te montrer le chemin ». PRÉPARATION ADÉQUATE Les deux leaders de l’épreuve dévalent les derniers kilomètres vers la Redoute quand survient une autre péripétie, la dernière : Gilles Diehl a égaré sa lampe de poche. Qu’à cela tienne, Thierry Techer lui donne la sienne, et les deux héros du jour franchiront la ligne d’arrivée unis par cette poignée de main, symbole de cette belle solidarité née à un moment où le « chacun pour soi » aurait pu être une solution de facilité. « Ca reste évidemment un super souvenir, d’autant que ce fut la seule fois où je suis parvenu à aller au bout du Grand Raid ». En effet, sur trois participations, le Saint-Louisien a connu deux fois les affres de l’abandon. « L’an passé, j’ai fait l’erreur de participer au Tour de l’île cycliste, et je suis arrivé sur le Grand Raid avec les jambes lourdes, sans avoir eu le temps de récupérer ». On se demande bien pourquoi l’athlète s’est embarqué sur un tel périple à vélo, à quelques jours d’une telle échéance, mais l’important n’est pas là. « Cette année, j’ai suivi un entraînement spécifique, presque uniquement sur les sentiers empruntés durant la course. J’ai monté une équipe avec dix copains, et on se retrouve le week-end dans les hauts », explique Thierry Techer. Des copains du Saint-Louis Athlétic Club ? « Non, le SLAC se meurt, j’ai démissionné de sa présidence parce que j’avais la sensation qu’on me mettait des bâtons dans les roues. Je travaillais pour la ville de Saint-Louis, mais j’avais le tort d’avoir été embauché par l’ancienne équipe municipale… Mon contrat n’a pas été reconduit. Aujourd’hui, je suis maçon, alors je peux vous dire que je suis en pleine forme ! », rigole Thierry Techer, qui conclut, en retrouvant son sérieux : « Je ne porterai plus jamais les couleurs de Saint-Louis, dans n’importe quelle compétition que ce soit ». Malgré tout, à 39 ans, Thierry Techer se sent plus que jamais d’attaque pour avaler les 125 km de cette Diagonale. « J’ai la forme, on verra ce que ça donne en condition de course. Mais quoi qu’il arrive, je tiens à remercier tous ceux qui m’ont aidé à me remettre sur pied, ils se reconnaîtront. J’ai eu beaucoup de pépins ces derniers temps, et sans leur soutien, je ne serai pas en train de me préparer à participer à mon quatrième Grand Raid ». Thierry Lauret |
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