Cette édition du Marathon des Sables a été considérée par beaucoup de concurrents comme la
plus difficile. Et pour vous ?.
Pour moi, c'est
ma 5ème participation et c'est vrai que ça a été la plus difficile. Surtout par
rapport au temps. On a eu un temps galère, du sable, du vent. du temps gris,
pratiquement du début à la fin. Sauf la dernière étape où il a fait beau. Ce
temps-Ià a été très dur à gérer. Surtout le soir, où il fallait qu'on gère
notre alimentation, vider les sacs de couchage qui étaient remplis de sable. Ca
a été très dur physiquement et moralement en même temps. Il fallait une
solidarité vis à vis de tous, nous étions huit dans la tente, nous nous sommes
aidés. Les autres années, on avait eu énormément de chaleur. Comme le disait
Patrick Bauer, le Marathon des Sables est fait ainsi; des années, il règne une
chaleur épouvantable, comme l'année dernière, et d'autres fois, il y a tempête
de sable. On ne peut pas prévoir sur ce genre d'épreuve.
Physiquement, l'épreuve a dû être éprouvante, surtout l'étape longue
Les trois
premiers jours, j'ai réussi à gérer avec les deux Marocains, car je savais que
sur l'étape de 71 km, on avait 20 km de dunes très très dures, et qu'il fallait
que j'arrive avec un potentiel physique à peu près correct à ce moment- là.
Heureusement, car ça a été vraiment très dur. Du 5ème PC jusqu'à l'arrivée, on
ne voyait pas à 5
mètres, malgré les lampes frontales. J'étais avec l'italien,
les 12 derniers kilomètres ont été très durs. Le vent soufflait et rentrait à
travers nos lunettes. Une fois arrivés, en retirant les lunettes, on avait les
yeux complètement clos, on ne pouvait pas les ouvrir. On a été directement à la
tente médicale, ils nous ont rincé les yeux pendant dix minutes pour retirer le
sable. C'était pareil
pour tout le monde, les gens étaient affalés, ils ne pouvaient pas ouvrir les
yeux. Moi, je n'avais jamais connu ça. En fin de compte, je n'avais jamais eu
de problèmes avec les lunettes que j'avais, mais là, il fallait vraiment des
lunettes collées aux yeux. Comme le système des lunettes de natation ! C'était
surprenant, mais ça fait partie de l'épreuve. Ca a été dur pour tout le monde.
Pour tous ceux qui ont fini le Marathon des Sables cette année, il fallait être
costaud dans sa tête.
Sur ces cinq éditions, quels ont été vos différents résultats ?
J'ai fait le MDS 5
années de suite. La première année, en 1998, j'ai fini 5ème, en 1999, 4ème, en
2000, 3ème, en 2001, 6ème en étant malade car j'avais chopé un virus. Et cette
année, 3ème. Mais je crois que c'est mon plus beau souvenir
cette fois. Je pense que j'ai rivalisé un peu avec les
Marocains, alors que d'habitude, c'est très dur. Les
personnes qui ont fait 3ème, 4ème, 5ème l'année dernière,
ont explosé cette année, par rapport au mauvais temps
qu'on a eu. Je crois que j'ai bien géré mon épreuve.
Physiquement, j'étais mieux préparé que les autres années.
Pourquoi ? Et bien parce que l'année 2001 a été très
dure, j'ai été plâtré 5 semaines, avec mon arrachement
des ligaments internes-externes osseux, au mois de novembre.
En fait ça m'a donné énormément de repos et énormément
de jus pour reprendre l'entraînement pour le Marathon
des Sables, je n'ai fait une préparation que pour ça.
Pour moi, ça a été une préparation tout à fait différente.
En fait le repos m'a fait énormément de bien...
Quand vous étiez-vous blessé ?
J'ai été blessé après le Championnat du Monde de
100 km à Cléder.
En septembre, je me suis
soigné au niveau de ma félure du métatarse. J'avais
repris l'entraînement en octobre, et au mois de novembre,
à l'entraînement, ma cheville s'est mise dans une ornière
et là, j'ai tout arraché. J'ai été plâtré jusqu'au début
décembre, puis j'ai fait de la rééducation. Ca a été
très dur, mais je pense que ça fait partie du sportif.
A quel moment aviez-vous repris un entraînement normal ?
J'ai repris avec une douleur, en janvier, tout doucement.
En février, je courais mais j'avais encore mes séances
de kiné, la douleur partait de plus en plus, j'ai retrouvé
de bonnes sensations. De février à mars, j'avais repris
des entraînements sérieux, ça passait bien. J'avais
énormément de jus et j'étais conscient que la forme physique était là...
Quel type d'entraînement avez-vous suivi
en février et mars ?
Pendant pratiquement deux mois, je faisais 6 jours sur 7 avec 140-150 km par semaine. Mes plus grosses
semaines ont été du 10 mars au 23 mars, où j'ai couru 15 jours non-stop 7 jours sur 7, pour un kilométrage
de 180 bornes par semaine. Je faisais des séances avec 1 heure d'échauffement, 2 fois 5000 m ou 3 fois 5000
m, puis 40 minutes de récupération, soit entre 2h 20 et 2h 30 d'entraînement. Mes plus grosses séances ont
été du 5000 m et aussi 1 séance de 10000 m en nature, en continu. Uniquement en nature car je ne travaille
qu'en nature. J'ai un parcours idéal à la maison. Il est varié, avec côtes, descentes, sous-bois, bois. Tout
est marqué du 1er kilomètre au 5ème kilomètre. Ca me donne des temps de passage et ça me permet de voir par
rapport au fil des semaines, où je me situe. Je tourne à environ 16'10" pour les 3 fois 5000 m. Parfois
je n'en faisais qu'un seul, où j'accélérais pour le boucler en 15'30".
Combien de fois par semaine, avalez-vous ce circuit ?
Une séance le mardi et une autre le jeudi. Le dimanche, je faisais plus du long, avec 2h 30, tournés en 4'15"-
4'20". Le mardi et le jeudi, ce sont les séances de 2000m -3000 m- 5000 m. En dehors, c'est un entretien,
tout de même 1 h 30 de footing, ce qui représente des grosses semaines. Mais j'y suis allé progressivement.
J'ai commencé par des 2000 mètres, puis fin février début mars, j'ai augmenté et
deux semaines avant de partir, j'ai eu mes deux grosses semaines de travail. Ensuite, ça n'a été que du footing
dans les deux dernières semaines.
En parallèle, vous travaillez à plein temps ?
Oui, mais depuis que je suis entré à la municipalité de Quenven, il y a deux ans et demi, je suis un peu
plus libéré. J'ai tout mon mercredi libre. Le samedi, je travaille, mais c'est plus de la surveillance puisque
je suis au complexe sportif. C'est bien moins physique qu'avant, où je travaillais dans une grande surface
à Géant. Là, c'était plus dur physiquement.
C'est ce qui vous a permis aussi d'augmenter vos charges d'entraînement et de connaître plus de réussite,
également sur 100 km ?
Exactement. Il faut le dire, j'ai plus de facilités pour faire une charge plus soutenue qu'avant, où j'avais
moins de temps libre et des contraintes, Là, je peux même me permettre de courir 2 fois, de midi à 13h20,
puis de 17h à 18h 30. C'est ce que j'ai fait cette année avant de reprendre les séances longues, je doublais,
avec 1 h 15 le midi et 1 h 20 le soir, deux fois par semaine, le mardi et le jeudi. J'ai fait ça pendant
environ 3 semaines. Avant. c'était impossible de le faire. C'est pour cela que j'ai progressé depuis 2 ans
et demi...
Comment va se poursuivre votre saison 2002?
Là, trois semaines après le Marathon des Sables, je subis un gros contrecoup, je me sens fatigué. Je
ne fais que du footing et du VTT. Et fin mai, ce sera le stage de l'Equipe de France de 100 km, dans l'optique
du Championnat du Monde de juin.
Interview réalisée par Odile BAUDRIER Photos Carlo Zaglia.
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